Pénuries, inflation, mutation économique... quel avenir pour Cuba ?
Auteur:
Stéphane Ferrux-Bigueur
Date de publication / actualisation:
17 octobre 2024
Depuis plus de 120 ans, depuis que les Américains ont acheté Cuba aux Espagnols, l’économie du pays ne cesse de jouer au yo-yo. De moments de faste et de grandes productions aux pénuries les plus noires, l'économie cubaine semble inévitablement revenir au point de départ.
Les 30 dernières années, marquées par le développement du tourisme, n’ont pas failli à la règle. La Période Spéciale après la disparition de l’URSS, les années culture Buena Vista, engendrées par le fameux groupe de musique traditionnelle, le premier durcissement du blocus américain par la loi Helms-Burton, puis son relâchement avec l’ouverture Obama ont façonné les périodes d’allégresse générale comme celles du ras-le-bol social. Ce sera finalement la combinaison fatale, Trump aux États-Unis, Diaz-Canel à Cuba (en remplacement de Raul Castro) et le COVID qui auront raison du peu de stabilité socio-économique, obtenue en grande partie grâce au tourisme.
Cuba : une économie en mutation
Ce sont principalement les pénuries qui ont poussé plus d'un million de Cubains à immigrer en 2023. Sortir de l’aide économique des pays alliés pour s’adonner aux lois du marché, tout en maintenant un discours communiste n’est pas une mince affaire et demande des sacrifices. Peu de pays ont réussi ce difficile pari, à l’instar de la Chine ou du Vietnam. Pour de nombreux Cubains, le gouvernement actuel leur impose surtout une impasse politique sans qu'ils ne comprennent réellement dans quelle direction va leur pays.
Ces pénuries, comme souvent, sont conjoncturelles et seront probablement résolues. Mais les solutions, loin d'être pérenne, risque d'être une autre pirouette financière qui permettra de tenir jusqu’à la prochaine épreuve ou d'être un autre arrangement avec un pays attiré, une fois de plus, par le potentiel du patrimoine cubain. Il faut être solide, mais aussi adaptable pour passer ce moment historique qui semble interminable et qui in fine, verra l’intégration au reste du monde d’un des derniers pays en marge de l'économie mondiale.
Le tourisme, moteur économique
Le tourisme est le principal moyen à la portée des Cubains pour vivre de la meilleure manière possible cette mutation économique. Le tourisme, privé comme étatique, permet aux locaux de créer leur activité. Quel que soit sa taille, cette entreprise permettra de faire évoluer les mentalités et favorisera une adaptation en douceur vers le monde moderne.
Les voyageurs, en rencontrant les Cubains qui parient sur l’avenir de leur pays - et ils sont plus nombreux qu’on ne le croit - favorisent le développement d’un tissu économique qui deviendra la base de la nouvelle société cubaine. Si les Cubains n’ont que peu d'emprise sur la destinée politique de leur pays, ils peuvent avoir un rôle à jouer dans son économie et donc dans son organisation. Vivre avec un minimum de confort permettrait de créer les conditions de développement d'une nouvelle conscience collective.
Les échanges avec l’extérieur sont donc essentiels pour l’évolution de Cuba. Et les premiers contacts se font avec les visiteurs. Il ne s’agit pas d’essayer de combler la misère avec des donations monétaires, par exemple, car les bénéficiaires ne sont jamais vraiment définis. Il semble plus efficace d’encourager en consommant local ceux qui travaillent, apprennent, développent ne serait-ce que pour faire le taxi, gérer un restaurant ou monter une entreprise d’informatique. Ceux-ci, à leur tour, seront solidaires de leurs aînés et de leurs descendances, ils subviendront bien sûr à leurs besoins mais surtout ils transmettront un nouveau message ainsi qu'un nouvel apprentissage.
Professionnels du tourisme ou visiteurs, quel impact ?
Officiellement à Cuba le tourisme va bien. Les voyageurs, s’ils ne sont pas trop informés ou s’ils voyagent de façon conventionnelle, ne prennent pas forcément la mesure des difficultés quotidiennes des Cubains. D’autre part, pour les hôtels, les restaurants et les transports, qu’ils soient privés ou appartenant à l'État, ne souffrent pas de pénurie. En effet, l’économie du tourisme est depuis toujours en devises, elle reste donc très stable. Les prix reste presque inchangé depuis 2019, avant le COVID.
Nous avons, en tant qu'organisateurs de voyages et voyageurs, un rôle crucial à jouer dans le développement de cette nouvelle économie. Nous devons « apporter » le maximum, à ceux qui sauront faire profiter à leur famille et à leur pays.
Lorsqu’on voyage à Cuba assisté par un programme sur-mesure, on ne renonce aucunement à la qualité des prestations et à un certain confort, tout en ayant beaucoup plus de liberté et d'indépendance. Il est éthiquement indispensable pour les professionnels du tourisme sur place, d’informer les visiteurs et de les amener au plus près des réalités. Il est certain que professionnels ou visiteurs peuvent ensemble, ne serait-ce qu’un tout petit peu, changer les choses.
DestiMaG fait partie de TourMaG, le 1er média des professionnels du tourisme depuis 1998. Cette revue online est la branche consacrée aux Réceptifs, appelés aussi DMC (Destination Managment Compagny), c’est à dire aux agences de tourismes locales. On y trouve l’annuaire de ces entreprises, installées aux quatre coins du monde, qui conçoivent et réalisent sur place les programmes de la plupart des voyageurs, pour le compte des agences de voyages ou en direct. C'est en quelque sorte le principal portail de mise en relation entre les Réceptifs et les professionnels de l'industrie du voyage sur le marché français.