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« Le Jazz d'Autonme » : illustration de Nelson Ponce

L’esprit musical de l’automne cubain capturé par le dessinateur Nelson Ponce

Auteur:
Allison Le Corre - EMP
Date de publication:
20 octobre 2020

Le graphiste Nelson Ponce appartient à une génération montante de designers cubains. Ayant exposé son travail à Cuba et à l'international, il s’est fait connaître du public français en 2019 à l’occasion de l’exposition Affiches cubaines : Révolution et cinéma au Musée des Arts Décoratifs de Paris.

Le jazz, élément crucial à l’identité cubaine

Nelson Ponce met le jazz au centre de son illustration d’automne. Ce n’est pas un hasard : pendant les mois d’automne à Cuba, hors période de COVID, les trompettes et percussions retentissent dans les rues, dans les théâtres et dans les bars des villes. Après la léthargie des chaleurs de l’été – une période où l’énergie des événements à Cuba ralentit considérablement – les concerts et festivals reprennent leur cours en octobre et novembre. Le Festival JoJazz est la manifestation musicale la plus importante du moment, prélude au Festival Jazz Plaza en janvier, un des événements clés de l’hiver cubain.

Les graphistes cubains comme Nelson Ponce, auteurs des affiches des grands festivals, baignent naturellement dans ce monde événementiel. Ce n’est donc pas un hasard si Nelson définit l’automne par ses événements musicaux. Pour lui, le jazz est aussi un élément crucial de l’identité cubaine. « Souvent, quand on essaie de définir “le Cubain, on pense particulièrement à l’ambiance musicale des tropiques, et au rôle central de la musique et de la danse dans la vie cubaine. Un des genres musicaux qui s’est enraciné dans la création musicale de l’île est le jazz qui, en fusionnant avec nos racines musicales les plus profondes, a fait émerger une interprétation qui nous est propre ».

Le dessinateur Nelson Ponce : figure internationale du design cubain

Diplômé de l’école de design, l’ISDI en 1998, il dessine pour les interfaces digitales à CITMATEL (Entreprise de Technologie et Services télématiques de Cuba). Après ses années de service pour l’État cubain à CITMATEL, il intègre la Casa de las Américas, comme son collègue Raupa, où il travaille jusqu’en 2016. Parallèlement, il travaille comme professeur de l’ISDI et donne des cours d’illustration d’affiches. En 2013 il reçoit le Prix national de design. Il gère actuellement les expositions de design et d’illustration à la Fábrica de Arte Cubano. Il a aussi beaucoup travaillé pour l’ICAIC (Institut cubain de l’audiovisuel et l’industrie du cinéma) et l’ICL (Institut cubain du livre), en tant que graphiste indépendant. Son travail a été exposé internationalement aux États-Unis, en Allemagne, en Italie, en Espagne, en Pologne, en France, en Nouvelle Zélande, au Mexique, au Brésil et en Argentine, entre autres.

Casa de las Américas« La Maison des Amériques », est une institution cubaine créée en avril 1959 par le nouveau gouvernement révolutionnaire comme centre de promotion de la culture caribéenne et latino-américaine ainsi que point de rencontre entre artistes et intellectuels de la région. Au cours des années la Casa a reçu de nombreux intellectuels importants d'Amérique Latine et acquis un prestige dans la région. Elle continue à recevoir constamment des invités et organiser des évènements et conférences inter-continentaux pour toutes sortes de manifestations artistiques et culturelles - littérature, théâtre, journalisme, arts plastiques, cinéma... Grâce à son prestige, l'institution jouit d'une certaine autonomie vis-à-vis de l'État cubain, lui permettant une marge d'action plus large que d'autres institutions culturelles de l'île.

Bien que ses inspirations évoluent constamment, il se dit fervent admirateur et adepte des maîtres de l’affiche cubaine des années 1960 et 70. En effet, on retrouve dans son travail d’affiche des traits d’influence de cette mouvance.

Le design cubain, selon Nelson, bénéficie et souffre de son isolement des tendances contemporaines et globales du design capitaliste. D’un côté, cet isolement permet aux dessinateurs de développer un art assez libéré des influences universelles, qui serait propre à l’idiosyncrasie cubaine. En revanche, cet éloignement implique un manque de contemporanéité et d’évolution. Ayant voyagé et interagi avec des plateformes de design du monde entier, Nelson voit bien que le design cubain pourrait bénéficier d’« actualisations et participations plus actives sur la scène internationale ». Pour lui, « il y a beaucoup de talent à Cuba qui a besoin d’une plateforme pour se développer ».

Les recommandations de Nelson

Pour Nelson, l’endroit que tout visiteur doit absolument voir à La Havane est la Fábrica de Arte qui est le « thermomètre de la vie sociale et artistique du pays ». Au cours d’une soirée idéale à La Havane, on ferait un tour à la Fábrica, après s’être promené sur le Malecón, univers parfait pour « comprendre les dynamiques sociales des habitants de la capitale cubaine ».

Il nous recommande bien sûr de faire un tour dans la Vieille Havane. Malgré son statut de « cliché touristique, son architecture surprend toujours ». À propos d’architecture, il recommandera à tous les passionnés de visiter l’Institut Supérieur des Arts, une des premières œuvres architecturales de la Révolution.

Bien qu’il soit un habanero, Nelson adore la nature et s’évade de la grande ville dès qu’il le peut. Au-delà des nombreuses plages magnifiques de l’île, ses destinations naturelles préférées incluent les campagnes vertes et riches de Viñales à l’Ouest, les montagnes de l’Escambray vers Trinidad, et les paysages de la Sierra Maestra, à l’Est autour de Bayamo et Santiago de Cuba.


Cubanía

Cubanía s’efforce de retranscrire, que ce soit par l’image, le son, ou l’écrit, la vie quotidienne de La Havane et de Cuba à un public hétéroclite, curieux, intéressé, souvent non résidents. Toujours en dehors des grands débats politiques, économiques ou des thèmes couramment traités par les médias officiels, Cubanía souhaite au contraire faire témoigner les Cubains de tous les jours, la société dans son organisation actuelle, à travers des lieux, des traditions, des expressions culturelles parfois méconnues.

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