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Société

La mode circulaire à Cuba

Une nouvelle façon de suivre la mode

Auteur:
Editorial Cubania
Date de publication / actualisation:
8 octobre 2024

La réutilisation des produits textiles à Cuba est plus qu'une tendance. On trouve dans le pays des exemples ingénieux de la manière de mettre en pratique le concept de mode circulaire.

Quel est l'impact du secteur du textile sur l'environnement ?

Le secteur de la mode est l’un des secteurs qui causent le plus de dommages à l’environnement. À titre d'exemple, le processus de fabrication d’un T-shirt en coton nécessite la quantité d’eau potable consommée en deux ans et demi par un individu. À l’échelle mondiale, les gens se débarrassent souvent des vêtements dont ils ne veulent plus plutôt que de les donner ou de les réutiliser. Plus de 80 % des vêtements usagés présents dans l'Union européenne sont incinérés ou déposés dans des décharges, ce qui génère des gaz polluants qui affectent les sols et l'atmosphère. 

C'est dans ce contexte préoccupant que le terme de mode circulaire est inventé par Anna Bismar en 2014. Cette tendance favorise la réutilisation et la durabilité des vêtements et réussit à se positionner comme l'un des concepts les plus utilisés. Ainsi a également été organisée la Atacama Fashion Week 2024 par d'importants créateurs, dans l’une des plus grandes décharges au monde de vêtements de marques reconnues, dans le désert Atacama au Chili.

Les vêtements de seconde main à Cuba, un acte quotidien

Cuba présente une situation unique, en effet les crises économiques que le pays traverse depuis des décennies ont empêché le développement du secteur du textile. L'offre peu nombreuse et sa difficile accessibilité, ainsi que la hausse des prix des chaussures, des vêtements et des accessoires ont rendu prioritaire, et pratique courante pour les Cubains, la prolongation de leur durée de vie.

Il est courant que les vêtements et les chaussures soient hérités de frères, sœurs ou de cousins plus âgés, parfois même de mères ou de grands-mères. Les couturières sont chargées de transformer les vêtements inutilisés ou périmés, selon les standards de la mode de chaque époque.

Une part importante des textiles et vêtements vendus dans le pays est importée, généralement à des prix élevés comparativement au salaire moyen. Dans les années 1990, avec l'arrivée de la crise économique connue sous le nom de Période Spéciale, des établissements publics sont créés pour vendre des vêtements de seconde main. Ils proviennent notamment des pays européens et du Canada. À cette époque, c’était le moyen le moins cher d’acheter des vêtements sur l’île.

Ces dénommés « tiendas recicladas (magasins de recyclage) » étaient propriété de l’État jusqu’en 2020. Ils étaient appréciés car les gens pouvaient acheter des vêtements de bonne qualité et d’autres articles textiles de maison à bas prix.

Le recyclage au cœur des stratégies de développement des nouvelles marques

Les nouvelles formes de gestion économique et la multiplication des entreprises privées favorisent également le concept de mode circulaire. Les ventes à domicile de biens d'occasion furent autorisées les week-ends (vendredi, samedi et dimanche), communément appelées vide-greniers. Grâce à cette option, il est possible de redonner vie aux produits textiles tout en constituant une source de revenus pour les familles cubaines. En conséquence le travail des couturières s'est accru.

Le concept de mode circulaire est bien ancré dans les habitudes des Cubains. Acheter des articles puis changer leur design est une pratique courante. Les vêtements ne se jettent pas, il est habituel de les réutiliser pour en tirer le meilleur parti. Les promoteurs de nouvelles marques cubaines l'ont bien compris. Un exemple est l’initiative « Reciclada Exchange » proposée par la marque de vêtements cubaine Clandestina qui encourage les gens à offrir leurs vêtements usagés afin de leur donner une nouvelle vie. Les designs, innovants, sont créés par les professionnels de cette marque.

Dans les ateliers de Clandestina, les chutes de tissus sont également utilisées pour créer d'autres produits et ainsi éviter le gaspillage. Les nouveaux produits textiles sont fabriqués selon des processus de production respectueux de l'environnement qui favorisent le développement local et l'emploi de la main-d'œuvre cubaine.


Cubanía

Cubanía s’efforce de retranscrire, que ce soit par l’image, le son, ou l’écrit, la vie quotidienne de La Havane et de Cuba à un public hétéroclite, curieux, intéressé, souvent non résidents. Toujours en dehors des grands débats politiques, économiques ou des thèmes couramment traités par les médias officiels, Cubanía souhaite au contraire faire témoigner les Cubains de tous les jours, la société dans son organisation actuelle, à travers des lieux, des traditions, des expressions culturelles parfois méconnues.

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