La boxe est l'un des sports les plus suivis et pratiqués sur l'île en raison des nombreux exploits réalisés et des trophées remportés tout au long de son histoire. Plusieurs noms de boxeurs cubains ont marqué le parcours et le développement de ce sport au niveau international. L'enseignement cubain de cette discipline se distingue également par son style propre et sa rigueur dans les entraînements.
La boxe : de ses origines à son expansion mondiale
La boxe trouve ses origines dans la partie nord du continent africain et remontent à la période autour de l’an 5000 avant JC. En 688 avant JC, elle fut incluse dans les Jeux Olympiques antiques sous le nom de pygmachia (en grec, combat au poing).
C'est lors de l'expansion de l’empire britannique vers l’Asie qu'est introduit la boxe sur ce continent, considéré comme le berceau de la boxe moderne. Le Muay Thai, ou boxe thaïlandaise, devient un sport professionnel au XVIIe siècle. Après son expansion sur tout le continent asiatique, la façon de combattre évolue. À titre d'exemple, cette variante fut la première à utiliser un espace délimité par des cordes en forme de quadrilatère. Parallèlement, les marins français, influencés par sa pratique en Asie du Sud-Est, commencent à façonner la savate ou boxe française.
Au XVIIIe siècle, elle arrive en Amérique, par les poings d'un esclave afro-américain connu sous le nom de Terreur noire. En 1904, elle fut inscrite aux Jeux Olympiques de Saint-Louis aux États-Unis, en tant que spécialité moderne dont les règles ont peu changé depuis. C'est le Chilien John Budinich introduit la pratique de ce sport à Cuba, après avoir vécu et pratiqué ce sport quelques années aux États-Unis.
En 1921, la Fédération cubaine de boxe est fondée et en 1934 est inauguré le premier tournoi pour amateurs cubains appelé Gants d'Or. Cet événement n'a cependant pas eu le succès escompté, puisque le professionnalisme a dominé le milieu de la boxe cubaine depuis son introduction en 1910 jusqu'en 1962, lorsque la boxe professionnelle a été interdite dans le pays.
Le club des triples champions olympiques
Après le triomphe de la Révolution cubaine, le développement de la boxe amateur fut encouragé. Les programmes d'entraînements, qui caractérisent la boxe cubaine, ont participé à l'excellence de l'île dans ce sport. Depuis 1972, l'équipe nationale, dirigée par Alcides Sagarra comme entraîneur, a développé un style unique basé davantage sur la tactique, le mouvement et la précision que sur la force elle-même.
Alcides est boxeur professionnel de 1951 à 1954, les athlètes sous sa direction sont entrés dans l'histoire et même à la retraite, son héritage perdure. Armando Martínez, boxeur cubain sacré champion olympique à Moscou 1980, a déclaré dans une interview à Olympic Channel :
Alcides Sagarra était le père de la boxe cubaine. L'homme qui a fait de nous des champions olympiques.
Deux des trois triples champions olympiques sont les Cubains, Teófilo Stevenson et Félix Savón. Le premier était célèbre pour son droit de fer, qui l'aidait à remporter des combats presque toujours par KO (Knockout en anglais). Il était espéré qu'à Paris 2024, le nombre de membres de ce club passerait à 4. Après l'élimination de Julio César la Cruz au premier tour, Arlen López, le seul boxeur ayant une chance d'égaler l'exploit de trois médailles olympiques, son remporte finalement une médaille de bronze.
La boxe féminine
Bien que pratiqué depuis le XVIIIe siècle, le sport de poing pratiqué par les femmes a mis plus de temps à être accepté et à gagner en popularité. Bien que, depuis Londres 2012, il fasse partie des sports olympiques, à Cuba jusqu'en décembre 2022 il était réservé exclusivement aux hommes. Les préjugés et la discrimination ont conduit l'interdiction de sa pratique parmi les femmes à Cuba.
Sur l'île, la boxe féminine gagne du terrain, avec des athlètes tels que Legnis Cala et Yakelín Estornell, toutes deux championnes nationales dans leurs divisions respectives et médaillées lors d'événements internationaux sur le continent américain. Les deux boxeuses cubaines ont eu la possibilité d'assister pour la première fois aux Jeux Olympiques à Paris 2024 mais elles n'ont pas pu obtenir le classement tant attendu.
Namibia Flores est un exemple de persévérance. Elle a toujours gardé l'espoir de représenter le pays sous le drapeau des cinq anneaux. Elle voit sa dernière chance passer à Rio 2016 lorsqu'elle a atteint 40 ans, l'âge maximum autorisé pour participer, sans que la restriction pour les combattantes cubaines ne soit levée. Six ans plus tard, malgré les adversités subies dans le passé, elle retrouve la foi et devient entraîneuse pour l'équipe nationale.
Les boxeurs cubains, de nouveau professionnels
La boxe est traditionnellement un loisir important à Cuba. Dans la période pré-révolutionnaire, de grandes figures se sont distinguées. La plus marquante étant sans aucun doute Eligio Sardiña Montalvo, mieux connu sous le nom de Kid Chocolate. Après 1962, il est interdit aux athlètes de se professionnaliser dans un sport. Ils ne pouvaient pas non plus faire partie d'une équipe étrangère s'ils résidaient à Cuba. Ainsi de nombreux boxeurs ont quitté le pays et se sont installés dans d'autres nations tout en conservant le style de combat cubain. Yuriorkis Gamboa, Erislandy Lara ou Guillermo Rigondeaux sont quelques-uns de ces boxeurs.
Après plus d'un demi-siècle d'absence, l'attente de ceux qui voulaient voir combattre les meilleurs boxeurs cubains dans ces ligues est enfin terminée. La Fédération cubaine de boxe, dans le cadre d'un accord historique avec Golden Ring Promotions, une société chargée de la représentation et de l'organisation des manifestations de boxe professionnelle, a permis aux boxeurs cubains, amateurs ou olympiques, de devenir professionnels. Désormais, les boxeurs peuvent être embauchés dans d'autres pays ou participer à des tournois professionnels et recevoir la rémunération correspondante à leur statut. L'autorisation de combattre à l'étranger a ouvert les portes à de grands champions comme Julio César La Cruz, Arlen López, Roniel Iglesias, Andy Cruz et d'autres qui composent l'équipe des Domadores de Cuba.
C'est en septembre 2024 que ces événements sportifs font leur retour sur le territoire national. Pour la première fois après 60 ans, le terrain de Ciudad Deportiva a ouvert ses portes au public national et international pour montrer le retour des boxeurs cubains sur les circuits professionnels, cette fois en équipe. Le succès des Cubains fut retentissant, ils restèrent invaincus dans les 6 combats programmés. Après le revers subi aux Jeux olympiques de Paris 2024, le respect pour la boxe cubaine s'est renouvelé, devant une installation pleine de supporters.
Cubanía s’efforce de retranscrire, que ce soit par l’image, le son, ou l’écrit, la vie quotidienne de La Havane et de Cuba à un public hétéroclite, curieux, intéressé, souvent non résidents. Toujours en dehors des grands débats politiques, économiques ou des thèmes couramment traités par les médias officiels, Cubanía souhaite au contraire faire témoigner les Cubains de tous les jours, la société dans son organisation actuelle, à travers des lieux, des traditions, des expressions culturelles parfois méconnues.