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Société

Gibara, site de légendes et de pêcheurs

La Ville Blanche tournée vers la mer

Auteur:
Editorial Cubania
Date de publication / actualisation:
4 septembre 2024

Située sur la côte nord, à l’est de Cuba. Gibara était une petite ville prospère grâce à son commerce portuaire, aujourd'hui disparu. La pêche artisanale continue cependant, d'être une activité importante pour les habitants de la petite commune.

La découverte

Aujourd'hui, nombreux sont ceux qui pensent que Gibara a été découverte par le cinéaste cubain Humberto Solás. C'est lors du tournage de son long métrage Lucía, que son attrait pour cette ville se développe. À tel point qu'il la choisit pour être le siège du Festival international du film de Gibara (FIC Gibara), anciennement Festival international du film pauvre. Ce festival est encore célébré chaque année dans cette ville côtière. Il a pour objectif d'encourager la réalisation de projets cinématographiques à petit budget, ainsi que de permettre l'interaction entre les différents acteurs du monde du cinéma, les élites comme les débutants qui manquent de moyens. La ville gagna en notoriété lorsque de nombreux réalisateurs, acteurs et critiques du septième art y ont découvert la magie qui avait tant captivé Solás.

C'est le 29 octobre 1492 que Christophe Colomb débarqua sur la côte de Gibara. Un lieu qu'il appela « Ríos de mares (Fleuves des mers) » en raison des caractéristiques géographiques de cette baie. Cependant, selon certains historiens, le sens autochtone de Gibara serait « rustique » ou « indompté ». C'est ici qu'a eu lieu la première rencontre des Européens avec les communautés cubaines. La veille à Bariay les habitants s'étaient enfui vers l'intérieur de l'île dès qu'ils avaient aperçu les grands navires de Christophe Colomb. En revanche, les habitants de Gibara, plus courageux ou plus curieux, vinrent les recevoir dans leurs pirogues. Une fois débarqués, les colons purent admirer la beauté et les richesses naturelles des lieux. C'est à cet endroit qu'ils ont découvert pour la première fois l'usage du tabac.

La Ville Blanche

Bien que la ville ne manque pas de charme, Gibara ne ressemble à aucune autre ville côtière. Également connue sous le nom de Villa blanca de los cangrejos (Villa blanche des crabes), en raison de la prolifération de l'espèce de crabe Cardiosoma guanhumi et de l'impressionnant spectacle de sa migration annuelle à travers la ville pour se reproduire sur la côte. Et « blanca » pour les vestiges des murailles qui entouraient la ville et qui sont conservées.

C'est grâce à sa situation géographique que Gibara fut choisi pour l'implantation de l'un des ports les plus importants de la région. Il servait de centre d'opérations pour la contrebande. Le siège constant des corsaires et des pirates obligea la fortification de la baie. La légalisation du port en 1822, officialisa l'activité commerciale. Cette ouverture, en plus de la croissance économique, permit aux influences du reste du monde d'entrée à Gibara. La ville put ainsi se développer et faire croître son noyau urbain.

Si la ville est au fait de sa splendeur au XIXe siècle elle entame un déclin au cours du XXe siècle. La cause ? Différents facteurs géographiques et technologiques défavorables à ce port. L'augmentation des dimensions et du tirant d'eau des navires contrairement à la diminution constante de la profondeur de la baie, mais également la désuétude et le délabrement de son port, ont conduit la ville à devenir une commune dédiée principalement à la pêche. La grande diversité biologique de ses côtes constitue également une prédisposition naturelle au développement de cette activité. Les habitants de Gibara veillent à ce que les enfants apprennent en même temps à pêcher et à lire.

Gibara s'est tourné vers la mer pour trouver, d'une manière ou d'une autre, une source de revenus et de nourriture. Le métier de pêcheur se transmet de génération en génération, et il en va de même pour les histoires qui l'accompagnent. La tranquillité des environs et la simplicité de ses habitants font qu'ils n'hésitent pas à proposer leurs prises, toujours fraîches, aux visiteurs. La culture gastronomique de la région repose avant tout sur ses produits les plus emblématiques : crustacés, mollusques et coquillages. De savoureux plats à base de crabe blanc, de crabe rouge ou de crabe bleu peuvent être dégustés dans la ville. Les crevettes et la coquina, un petit mollusque bivalve, font également partie de ses mets.

Une ville pleine d'histoires

Une infinité d’événements entourent l’histoire de cette ville. On raconte qu'Isadora Duncan, danseuse et chorégraphe née aux États-Unis, considérée par beaucoup comme la créatrice de la danse contemporaine, aurait dansé au Théâtre Gibara. Une scène qui a également vu se produire de grands artistes cubains tels que le violoniste Brindis de Salas et le musicien Bola de Nieve. On raconte également que durant la Seconde Guerre mondiale, un dirigeable de la marine nord-américaine survola cette région du pays. Son objectif aurait été la défense des navires nord-américains au large des côtes cubaines contre les attaques de sous-marins allemands dans le cadre de l'offensive nazie dans les eaux américaines, mythe ou réalité ?

La ville semble comme figée dans le temps, grâce aux ruines de ses remparts, ses pièces d'artillerie de l'époque de Ferdinand VII, ses bâtiments, sa pêche et ses barges. Le semi-oubli dans lequel elle fut plongée ne fit qu'augmenter le halo de mystères qui planait autour d'elle. Légendes et réalités se mélangèrent tant et si bien, qu'il fut presque impossible de percevoir où finissait l’une et où commençait l’autre. Malgré les années, cette petite ville conserve son charme singulier. Le contraste de son architecture avec la beauté de ses paysages, la simplicité de ses habitants, sa culture et ses traditions en font un lieu remarquable. Un lieu qui a su captiver Solás il y a plus d’un demi-siècle, et qui continue de charmer encore aujourd’hui ses visiteurs. Il est évident que la découverte de Gibara n'est pas due au cinéaste, il s'est seulement chargé de la rendre visible à travers les yeux du cinéma.

traducteur:

Elodie Vandenbossche

Cubanía

Cubanía s’efforce de retranscrire, que ce soit par l’image, le son, ou l’écrit, la vie quotidienne de La Havane et de Cuba à un public hétéroclite, curieux, intéressé, souvent non résidents. Toujours en dehors des grands débats politiques, économiques ou des thèmes couramment traités par les médias officiels, Cubanía souhaite au contraire faire témoigner les Cubains de tous les jours, la société dans son organisation actuelle, à travers des lieux, des traditions, des expressions culturelles parfois méconnues.

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