Entretien avec le pianiste Ernán López-Nussa (1/2)
Son œuvre : un mélange de culture cubaine et d’émotions
Auteur:
Emir García Meralla
Date de publication / actualisation:
20 septembre 2023
Le pianiste Ernán López-Nussa a beaucoup enrichi la musique cubaine, sa musique étant marqué par l'empreinte de la musique cubaine populaire. Cette carastéristique a fait de lui, de son vivant, un classique de la musique cubaine. Il acquerrera une renommée internationale en gagnant notamment de nombreuses distinctions. A travers cet entretien, tiré du magazine Cubarte, Cubania vous propose d'en savoir plus sur l'homme et sur son œuvre.
Cet article a été initialement publié dans Cubarte et son auteur Emir García Meralla, a grandit dans le même quartier que Ernán López-Nussa.
Mes premiers souvenirs de rencontres avec Ernán López-Nussa remontent à l'enfance. Cela se passait dans les années 70. Nous vivions tous les deux dans la rue I (dans le quartier du Vedado). Tous les habitants du Vedado appelaient Ernán et son frère Ruy « les Français » car, dans un quartier où il y avait tant de González, Pérez, García et Calderón, leur nom de famille composé résonnait hors contexte.
Cubarte : Ernán, toute entrevue devant débuter par une première question. Je propose que tu te la poses toi-même !
Ernán López-Nussa : Je ne suis pas très doué pour parler. Je ne m’exprime réellement qu’avec mon piano. Mais allons-y ! J’ai grandi dans un milieu artistique. Mon père était peintre en plus d’être écrivain. Ma mère a, quant à elle, étudié sérieusement la musique mais ne l’a jamais pratiqué. D’une certaine façon, elle a pris part à ma formation même si je ne lui ai pas prêté l’attention nécessaire.
Il y a des périodes de la vie pendant lesquelles nous n’écoutons pas nos parents, faisant fi de leurs conseils. Je n’ai pas été un enfant, ni un adolescent, désobéissant. Il s’agissait seulement d’un processus naturel de rébellion. Souvent j’arrivais à la maison en racontant ce qu’un professeur, reconnu ou non, m’avait reproché et ma mère sortait inlassablement la même phrase : « Je suis fatiguée de te le répéter. »
En fait, mes parents ne me laissaient rien passer. Surtout ma mère. C’est pour cette raison qu’aujourd’hui, après une carrière professionnelle remplie de succès et d’échecs, je les remercie pour tous leurs conseils et leurs réprimandes.
C : Donc, il y a comme un mélange de cultures dans ta formation ?
E.LN : Oui, un mélange dans lequel la « cubanité » est entrée de manière singulière. Chez moi, nous n’écoutions pas de musique cubaine. On écoutait bien sûr Bola de Nieve et des choses comme le Septeto National, mais la musique cubaine en tant que telle, je l’entendais seulement à l’extérieur.
Grâce à mes voisins qui faisaient aussi partie de ma famille, j’ai appris à connaître Los Zafiros, Juan Formell, plus tard Los Van Van et toute la musique cubaine d’une époque à laquelle je ne m'intéressais pas.
Ernan López-Nussa se produit tous les mardis au Fangio Rooftop (Hotel Claxon)
C : Comme tu l’as expliqué, tu ne t’es référé que tardivement à la culture cubaine dans tes œuvres ?
E.LN : Dans mon enfance, la culture cubaine ressortait des peintures et des écrits de mon père. Il était un Cubain de pure souche. Je me rappelle l’atmosphère très cubaine qui régnait quand les amis de papa venaient à la maison. Mon père aimait Cuba sans grandes proses. C’est cette simplicité qui, à mon avis, a le plus influencé ma formation.
Il y a un personnage de mon enfance qui m’a enseigné la manière d’être un Cubain authentique : c’est Samuel Feijóo. Quand il entrait dans la maison, il rompait les protocoles et les normes pour se sentir comme chez lui. Il arrivait de Santa Clara avec Cleva Solís sans prévenir. Et la vie quotidienne de la maison devenait toute autre.
Ernán López-Nussa
Musique
Entretien avec le pianiste Ernán López-Nussa (2/2)
C : Avec le temps, quel bilan fais-tu de ton passage par l'académie ?
E.LN : L'académie a été fondamentale dans ma formation. Mais elle m’a laissé quelques rancœurs comme le fait de n’avoir reçu aucun cours de chant bien que j’ai été l’élève de Digna Guerra. Cela m’aurait permis de savoir si je savais chanter ou pas et si j’étais capable d’exploiter le plus complet des instruments: la voix.
J’ai rencontré des professeurs très cultivés, très professionnels, qui n’ont jamais blâmé la musique populaire même s’ils ne la comprenaient pas. Ils ont fait tout leur possible, jusqu’à l’Institut Supérieur d’Art, pour que je m’épanouisse dans la musique classique.
L’académie est lieu par excellence de la musique. Tu étudies les classiques, on t’aide et on t’enseigne toutes sortes de styles et de tendances. Absolument tout vient de là.
Le temps ne te suffit pas. Mais comme disait mon professeur Jorge Gómez Labraña : « Un pianiste doit pratiquer, c’est la seule manière de pouvoir comprendre la musique, d’apprendre un répertoire et de ne pas l’oublier. L’académie t’offre la rigueur nécessaire à l’établissement d’un bon musicien. »
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