Doris Colombá : Un retour aux racines de la musique cubaine
La relève de la musique traditionnelle
Auteur:
Indira Rosell Brown
Date de publication / actualisation:
25 janvier 2024
La jeune chanteuse Doris Colombá continue de miser sur la musique traditionnelle cubaine, bien que, les interprètes de sa génération penchent vers des genres plus contemporains.
Interpréter les fameux boléros tels que Quizás, quizás, quizás, Bésame mucho ou Chan Chan, est la grande passion de la jeune interprète Doris Colombá. Elle préfère la musique traditionnelle cubaine, c’est pourquoi, sur toutes les scènes où elle se présente, elle ravit un public amoureux de ces genres musicaux.
Le trio, un format traditionnel
Elle reconnaît la richesse musicale de l’île où elle est née. Richesse qu'elle livre parfois avec le septuor Sabor del Tropico, et d’autres fois avec le trio Moneda Cubana. Le trio est également un ensemble musicale traditionnel de l’île des Caraïbes. « Oui, le trio est un ensemble musical, explique la chanteuse, le nôtre est composé de deux guitaristes : guitare d’accompagnement et guitare première et je joue du bongo et du chant. Comme trio vocal instrumental cet ensemble est peu fréquent à La Havane, mais dans les provinces orientales, il l'est ».
Doris Colombá, lauréate en 2019 du Concours de musique paysanne Eduardo Saborit, défend une tradition dans laquelle apparaissent des noms célèbres comme le Trio Matamoros qui, avec ce format, ont enrichi la musique cubaine et sa popularisation internationale.
« Le trio réussit à concrétiser en trois personnes ce que fait un septuor ou un groupe. Cela signifie qu’il faut faire une réduction ou des substitutions dans l’exécution, surtout dans la partie harmonique. Car ce qui se ferait normalement avec plusieurs instruments, Il faut que vous le concrétisiez en deux harmoniques et en un instrument de percussion qui doit remplacer de manière sonore tout ce qui manque », explique Doris.
La chanteuse note que ces formats musicaux qui commencèrent à se populariser à Cuba à la fin des années 1920, étaient très confortables pour les musiciens, car il était très difficile de porter des instruments très lourds. « Mais avec une guitare et un bongó, c'est très facile », explique Doris « en outre, il vous permet, avec peu de personnes, de parvenir à imprégner les voix d’une manière simple mais en même temps compliquée : il faut harmoniser la base instrumentale avec la base vocale pour qu’elle sonne bien. »
La transmission culturelle, fer de lance de Doris Colombá
Doris se trouve souvent au restaurant La Moneda Cubana, où elle partage sa musique avec le public national et les voyageurs amateurs de musique traditionnelle cubaine. « Les étrangers admirent beaucoup cette richesse de notre musique. Ils demandent Chan Chan, La Guantanamera et peu importe le nombre de fois où l’on répète ces thèmes, ils l’accueillent toujours bien. Nous faisons aussi de la musique guajira en interprétant des genres comme le punto cubano et le sucu sucu. En outre, je danse les danses traditionnelles qui accompagnent ces sonorités, certaines très compliquées dans leur exécution par leur cadence. »
Doris, en plus d’être chanteuse, est professeur d’art, une spécialité qui vise à instruire, dans le domaine de la création artistique, les enfants, les jeunes et les amateurs. Il n’est donc pas surprenant que la chanteuse présente souvent ses sujets avec un bref aperçu de l’œuvre en question.
« Une des choses fondamentales que nous faisons dans le restaurant La Moneda Cubana, et qui est devenu une pratique courante, est de faire un bref aperçu du compositeur et de l’époque où le thème musical a été créé. J’ai aussi l’habitude de parler de l’impact qu’il a eu pour que les gens puissent appréhender les chansons d’une meilleure façon. Chucho Valdés le faisait et Leo Brower aussi. Il faut prendre les bonnes choses des grands. » Doris se réjouit que cette expérience ait été si pertinente que même lorsque la chanson est terminée, les gens posent beaucoup de questions. Ils doivent alors continuer « l’autre partie de la classe », dit-elle avec humour.
« Travailler avec un public étranger est un grand défi pour moi : beaucoup s’informent avant de venir à Cuba et vous êtes surpris de la connaissance qu’ils ont de notre musique. C’est pourquoi je me prépare bien avant chaque concert parce que je sais qu’ils vont fouiller, et je montre même des publications de l’époque qui me servent de preuve de ce que j’enseigne. Je pense que les musiciens doivent avoir une meilleure connaissance de leur travail. Le public est toujours reconnaissant ».
Doris Colomba en el Teatro Astral
Doris Colomba
Ces expériences lui ont montré que la musique traditionnelle cubaine continue à plaire au public national et étranger, malgré la prépondérance dans les médias cubains de sonorités plus contemporaines. « Bien qu’elle ne soit pas diffusée avec la force qui devrait être dans les médias, avec notre musique traditionnelle, nous pouvons faire danser les gens, peu importe que ce soit le thème Chan Chan de Compay Segundo ou avec Lágrimas negras. Les gens vont continuer à danser. C’est pourquoi je dis toujours qu’il faut aller à la source ».
traducteur:
Elodie Vandenbossche
Cubanía
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