De nombreux noms, pour désigner la plus grande île des Antilles, ont tenté de s'imposer au cours des siècles. C'est finalement le vocable Cuba qui est resté. Il a finalement pris le dessus sur Juana, Fernandina et d'autres, pour désigner l’archipel cubain. Mais que signifie ce terme d’origine arawak ?
La plus grande île des Antilles porte depuis près de cinq siècles le nom de Cuba. C'est en vain que l'on a essayé de découvrir le sens originel de cette dénomination, qui demeure le secret bien gardé d’une population désormais disparue.
Le terme Cuba : une interprétation erronée ?
Christophe Colomb est le premier à employer ce nom. Sans très bien comprendre les sons de la langue des Tainos, en octobre 1492, il écrit dans son journal à propos de l’île : « Je crois qu’il s’agit de Cipango, selon ce que me disent les Indiens (indigènes) qui appellent cette île Colba. » Après avoir mieux prêté l’oreille, il ajoute : « J’aimerais me rendre sur l’île de Cuba. »
Lors de la découverte, l’amiral prononce le premier éloge de Cuba en langue espagnole : « Es esta la isla más hermosa que ojos hayan visto. » (cette île est la plus belle que les yeux de l'homme aient jamais contemplée.) Lorsqu’il part à la recherche d’autres terres, il note : « Je décide de quitter Cuba ou Juana, nom que je lui donnerai en l’honneur du prince Don Juan, fils et héritier des rois catholiques. »
Cependant, les cartes de l’époque conservent le nom de Cuba. Il existe une autre tentative de le remplacer. Au terme d'un décret datant de février 1515, l’île serait nommée Fernandina, sur ordre du roi. Ce nom n’est adopté que temporairement et finit par tomber dans l’oubli. La dénomination autochtone s'impose définitivement.
Un nom d'une provenance incertaine
À partir de l’origine antillaise du terme, l’ethnologue et anthropologue cubain Fernando Ortiz avance l’hypothèse suivante : « Le Ciboney habitait dans les grottes, probablement connues sous un nom appartenant à la même racine que Cuba, terme que les Tainos employaient en Haïti pour désigner la zone montagneuse de l’est de notre île. Les deux mots semblent provenir de ciba, qui signifie pierre, montagne, grotte. »
En Haïti, il existe aussi des endroits appelés Cubas et Cubana, ce qui semblerait indiquer qu’il ne s’agit pas d’une simple coïncidence, mais d'un terme désignant les zones montagneuses. Ces conjectures se confirment au su du fait que toutes ces populations aborigènes proviennent de la même souche arawak et d’un tronc commun linguistique.
Des études ont aussi porté sur la dénomination dakuban et sur les graphies koba-kuba, qui ont pour sens sol, campagne, terrain. Il s'agirait peut-être là des paroles entendues par Colomb. Faute d’éléments suffisants pour clarifier la véritable signification de l'appellation Cuba, il est loisible de supposer que le mot est lié au relief, puisque les noms indigènes dérivés de Cubanacan se rapportent à des régions montagneuses du centre et de l’est du pays.
Malgré une origine incertaine, le nom s'est imposé comme témoignage de ce que voulut exprimer le Taino et de l'interprétation qu'en fit l'amiral. Plus jamais, l’île ne s’est appelée Juana, Isabela — comme elle apparaît par erreur sur des cartes d’une époque reculée — ou Fernandina, mais bien Cuba.
traducteur:
Alicia Beneito
Cubanía
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