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Cuba et son passé lié à la mafia

Auteur:
Luna Valdés
Date de publication:
24 janvier 2018

De nombreux hôtels et clubs aujourd'hui célèbres ont été les lieux de rendez-vous préférés des principaux magnats de la Mafia. Des endroits comme l'hôtel Riviera, l'hôtel National, le Habana Libre et le Sloopy Joe's, entre autres, étaient devenus les principaux lieux de réunion de l'élite criminelle internationale.

Dès les années 20, la mafia des États-Unis a commencé à voir dans l'île un endroit propice au trafic du rhum et d'autres boissons alcoolisées. À partir de 1930, cette organisation criminelle étendit son emprise sur toutes sortes de jeux interdits, sur le tourisme et les bas-fonds de la politique cubaine.

Le soutien de la présidence facilitait les affaires des principaux gestionnaires de la mafia. Fulgencio Batista, qui sera le dernier président avant d'être renversé par la Révolution de 1959, jouait déjà un rôle important dans la vie politique de l'époque et prenait activement part aux activités mafieuses. Aussi, Batista entretenait d'étroites relations avec le fameux Meyer Lansky, un homme aux ordres de "Lucky" Luciano, l'un des plus importants chefs de la mafia étasunienne pendant les trois premières décennies du siècle dernier.

La Havane constituait alors un lieu stratégique pour les trafics : les cargaisons de drogue embarquées à Cuba parvenaient facilement aux États-Unis, les voies aériennes et maritimes étant libres pour ces affaires lucratives.

Comme ailleurs dans le monde, la mafia utilisait des sociétés écrans pour masquer ses activités. Mais à La Havane, le fonctionnement différait des méthodes traditionnelles de la mafia sicilienne : les mafieux ont rapidement commencé à se servir de l'ensemble du système juridique, d'accords, de couvertures et de tous les mécanismes du système capitaliste pour s'offrir une façade légale irréprochable.

Meyer Lansky et l'architecture cubaine

Le plus important de tous les mafieux présents à Cuba était sans aucun doute Meyer Lansky, que l'on a surnommé le créateur et le chef de l'Empire de La Havane. De confession juive, né en Russie, il est arrivé enfant aux États-Unis où il a modifié son nom, Maier Suchowijansky, pour le rendre plus américain. Proche de longue date de Lucky Luciano, il se démarquait par son intelligence et sa ruse dans les affaires. On raconte qu'il était très persuasif et qu'il savait agir sans se faire remarquer, en passant inaperçu.

Le chef de la mafia à La Havane a favorisé la création d'espaces pour les élites, une condition pour la prospérité des affaires de la mafia. C'est conformément à son goût du luxe et du bien-être qu'ont fleuri bon nombre d'hôtels qui sont aujourd'hui des symboles de l'architecture moderne cubaine.

Le Riviera

L'hôtel Riviera, qui date de 1957, était l'une des constructions les plus luxueuses de l'époque et a été construit à l'initiative de Meyer Lansky lui-même, qui lui a donné toute son opulence afin d'en faire le plus important siège des négociations criminelles. Il a été conçu comme l'hôtel-casino le plus grand d'Amérique. Le mélange glamour-luxe et mafia s'étalait sur les dix-neuf étages que compte le bâtiment, inauguré en 1957 en présence de Ginger Rogers.

L'Hôtel Riviera construit par le mafioso Meyer Lansky en 1958

L'Hôtel National

L'Hôtel National constitue un autre lieu clé qui présente la particularité d'avoir accueilli la Conférence nationale de la mafia en 1946. Actuellement, il possède une salle qui rappelle le séjour des mafieux à La Havane. C'est cette rencontre qui déboucha sur l'organisation du business des jeux entre les États-Unis et Cuba.

L'Hôtel National, un des hôtels préférés de la mafia américaine à Cuba

Sloppy Joe's

Parmi ces lieux singuliers, on trouve encore le bar Sloopy Joe's, ouvert dans les années 30 par l'Espagnol José García, arrivé à Cuba en 1904. Ce bar a été fermé dans les années 60 pendant près de cinquante ans. Il a été ré-inauguré en 2013 et offre une ambiance proche de celle qu'il avait en son temps de splendeur. C'est dans ce bar que se donnaient rendez-vous d'importantes personnalités du monde des affaires de la drogue, mais aussi des célébrités de l'époque comme Ernest Hemingway, Ava Gardner ou Ted Williams, entre autres.

Sloppy Joe's, un des bars préférés de la mafia américaine à son époque

Le Carabaret Tropicana

Le luxueux cabaret Tropicana témoigne lui aussi de cette époque : lié à la mafia lui aussi, l'établissement reste un symbole de l'opulence des années 50.

Pour partir sur les traces de ces histoires et se replonger dans l'ambiance de l'époque, deux lectures s'imposent : El imperio de La Habana et La vida secreta de Meyer Lansky en La Habana, de l'écrivain cubain Enrique Cirules.

traducteur:

Florine Buzy

Cubanía

Cubanía s’efforce de retranscrire, que ce soit par l’image, le son, ou l’écrit, la vie quotidienne de La Havane et de Cuba à un public hétéroclite, curieux, intéressé, souvent non résidents. Toujours en dehors des grands débats politiques, économiques ou des thèmes couramment traités par les médias officiels, Cubanía souhaite au contraire faire témoigner les Cubains de tous les jours, la société dans son organisation actuelle, à travers des lieux, des traditions, des expressions culturelles parfois méconnues.

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