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Les couleurs de la santería à Cuba

Auteur:
Inter Press Service en Cuba
Date de publication:
28 juillet 2022

La Regla de Ocha ou Santería est une religion d'origine africaine très populaire à Cuba. Apportée par les esclaves noirs nigériens, les Yorubas, au XVIe siècle, la Santeria s'est développée sur l'Île.

Les Cubains aiment les couleurs. Ils s'habillent en rouge, en bleu, en jaune... Dans leurs croyances, les couleurs sont le reflet de l'âme. De même qu'elles représentent la nature: le vert brillant de la chlorophylle des feuillages, les variances de rouge des fleurs comme celles de la marpacífico. Même, leurs dieux Yoruba, les Orishas, ont leur couleur spécifique en plus du jour de la semaine, de la parure, de leur repas et de leur mode de vénération. Tout ceci fait que la couleur est signe de vie à Cuba.

De plus, ces apports africains sont fréquents. Mais, ils sont souvent été reconsidérés à la mode locale. Par exemple, les saints catholiques n'ont pas disparu et restent sur le même pied d'égalité que les Orishas.

Chaque saint est représenté par ses couleurs dans une urne accompagnée des attributs correspondant à la déité.

Les divinités majeures

Eleggua, par exemple, est représenté par un petit enfant noir ou quelquefois par une jeune fille vêtue de rouge et de noir au visage jaune. Il porte un chapeau ou un châle sur sa tête et tient un palo de monte pointu à la main - outil servant à séparer l'herbe avant de la couper, en fumant un Havane et en riant à gorge déployée. Il est assimilé à Yoruba, le dieu qui ouvre les portes, tout autant qu'Echú, celui qui les ferme. On le célèbre le premier janvier et il semble être une variante cubaine de Saint Antoine de Padoue ou de l'Enfant d'Atocha.

Orula, dieu devin, propriétaire de l'oracle et descendant de Saint François d'Assise, il est capable de prévoir le futur. De plus, il est fêté le 4 octobre de chaque année et aime le jaune et le vert. 

Obatalá, garante de la pureté, créatrice du monde et assimilée à la Vierge de las Mercedes, elle est de fait blanche. Sa fête est le 24 septembre. 

Yemayá, quant à elle, règne sur les mers. Elle porte donc le bleu bordé du blanc des vagues sur sa tunique. L'égale de la Vierge de Regla, village marin situé au fond de la baie de La Havane, mère adoptive de Shangó et de tous les Orishas, Yemayá est fêtée chaque 8 septembre, en même temps qu'Oshún.

Les dévots de Yemaya célèbrent des cérémonies réligieuses au bord de la mer. Ils portent souvent des vêtements de la couleur représentative du saint, dans le cas de Yemaya, le bleu.

Oshún est la joie. Elle est représentée sous les traits d'une belle mulâtresse souriante, symbolisant la féminité, le jaune, l'or, les oranges, les tournesols et le miel. Déesse de l'amour, des fleuves et de la sensualité, Oshún est la patronne des richesses du monde et des eaux douces par mandat de Yemayá. On la compare à la Vierge de La Caridad del Cobre, patronne de Cuba.

Obbá est l'épouse légitime de Shangó. Elle habite dans la Ceiba, l'arbre sacré et représente le rose et le jaune. On la compare à la sainte Rita et à la Vierge del Carmen. Sa fête est le 25 novembre. Souvent représentée avec un foulard noué sur sa tête lui couvrant les oreilles, la légende dit qu'elle aurait été trompée par Ochún, femme illégitime de Shangó, et celle-ci lui aurait glissé à l'oreille que leur mari commun aimait la soupe d'oreilles. Donc, elle s'est coupé les oreilles elle-même afin de les mettre dans la soupe. Ceci répugna profondément Shangó.

Shangó est rouge vif et blanc. Dieu du feu et de la guerre, des éclairs et des orages, il s’adonne aux fêtes et aux femmes. Il est l'incarnation du machisme. Sa fête est le 4 décembre, en même temps que Sainte Barabara. On raconte qu'il se déguise parfois en femme pour fuir ses assaillants. 

Oyá est également une femme de Shangó. Téméraire, propriétaire des cimetières, on la connaît comme une des trois muerteras. Déesse du vent, du feu et des tempêtes, elle possède les couleurs de l'arc-en-ciel. C’est le penchant cubain de Notre Dame de la Candelaria. On la représente par une belle femme noire dansant et riant, vêtue de jupes colorées, et portant un plumet.

Les Ibeyis sont jumeaux. Bleus et rouges, ils sont comparés aux saints Cosme et Damien. Leur fête est le 27 septembre. Les jumeaux sont les messagers de Shangó, nés sous le signe du gémeaux.

Oggún est un personnage très attrayant. De couleurs vert et mauve, dieu du fer, patron des soldats, des physiciens et des mécaniciens, il est l'égal de Saint Pierre et Saint Paul. On le fête le 29 juin.

Oshosi, de couleurs vert, noir et mauve, est l'un des plus importants guerriers du panthéon Yoruba. Chasseur, guide de la forêt, patron des prisons, il représente Saint Norbert et Saint Albert.  

Osaín occupe une place prépondérante parmi les Orishas car il est le propriétaire de la végétation et des plantes. Il connaît leurs secrets mieux que les autres dieux. Osaín a toutes les couleurs. Il prend la place de Saint Antonio Abad. Sa célébration est le 7 janvier.

Babalù Ayé, Saint Lazare pour les catholiques, est très populaire parmi les croyants. Il a la figure d'un maltraité, bariolé de cicatrices. Il marche avec des béquilles et est accompagné par des chiens. Son jour est le 17 décembre tandis que ses couleurs sont le blanc et le marron.

Aggayú Solá, pour sa part, honore le jaune, le bleu et le rouge. Protecteur de La Havane, des voyageurs et des chauffeurs, il est comparé à Saint Christophe. On le fête le 25 juillet.

Ces quelques divinités sont les plus populaires. Chacune apporte son lot de légendes. La majorité des Cubains connaît ces histoires et légendes. Ils utilisent les couleurs des divinités au quotidien. C'est impossible de s'y soustraire dans cette Île à la magie chromatique.


Inter Press Service en Cuba

L'agence internationale IPS-Inter Press Service est présente à Cuba depuis 1979. Elle est un correspondant de presse étranger accrédité à La Havane qui, avec le soutien d'un large groupe de collaborateurs, vise à développer et à fournir des informations alternatives sur l'île, avec une perspective analytique, diversifiée, plurielle et inclusive. Pour ce faire, il recourt à une grande variété de sources et de technologies de communication, prend en compte l'approche genre, priorise les questions peu discutées par les autres médias et donne la parole aux acteurs les plus divers de la société cubaine actuelle. IPS publie au moins 12 articles journalistiques mensuels sur Cuba. Les rapports, entretiens et analyses approfondies, préparés pour le service mondial IPS, vont bien au-delà de l'actualité pour devenir une vision intégrale des processus que connaît l'île. Voir site internet : http://www.ipscuba.net/

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