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Société

Chorro de Maíta : le plus grand cimetière aborigène de Cuba

Témoignage de la diversité culturelle cubaine

Auteur:
Indira Rosell Brown
Date de publication / actualisation:
8 novembre 2023

Situé sur le Cerro de Yaguajay, dans la province orientale de Holguín, le site archéologique du Chorro de Maíta est un échantillon de la diversité ethnique qui caractérise la nation cubaine.

Chorro de Maita - Aldea taina

"Quand je suis arrivé dans cette zone, le propriétaire des parcelles m'a assuré que chaque fois qu'il fouillait le terrain, des ossements humains apparaissaient", c'est ainsi que l'archéologue aujourd'hui décédé José Manuel Guarch a raconté comment le plus grand cimetière aborigène de Cuba a été découvert.

Lorsque José Manuel Guarch et son équipe ont commencé à fouiller la colline de Yaguajay à Holguín, il a été immédiatement surpris par de nombreux fragments d'os. En creusant plus profondément dans la zone, ils ont trouvé des centaines de squelettes qui montraient toutes les formes de sépulture. Ce type de sépulture a également été retrouvés sur le continent américain.

Museo arquelogico "Chorro de Maita"

Mais quelque chose attire l'attention des scientifiques, en effet des sépultures chrétiennes ont été trouvées sur le site. Elles sont facilement reconnaissables car les squelettes apparaissaient avec les membres inférieurs étendus et les bras croisés sur la poitrine. C'est à ce moment qu'apparaît le premier mystère : les sépultures retrouvées n'étaient-elles que des restes d'une société aborigène ou des échantillons de son intégration dans la nouvelle société imposée par les colonisateurs espagnols arrivés sur l'île au XVIe siècle ?

Une rencontre entre les cultures ?

Les sépultures chrétiennes, les petites cloches espagnoles trouvées sur le site et un reste humain plus grand que la moyenne des indigènes cubains, ont été les premiers indicateurs de la coexistence d'indigènes et d'Espagnols en ce lieu. Les archéologues suggèrent également, selon les preuves retrouvées, que Chorro de Maíta était une ville de peuples indigènes confiés. Ce fait a amené les scientifiques à considérer Chorro de Maíta comme la première encomienda(*) en dehors des villes coloniales de Cuba.

Chorro de Maita - Aldea taina

En Savoir Plus

(*)EncomiendaIl s'agit d'une institution coloniale créée pour évangéliser les Autochtones et les intégrer dans la nouvelle société imposée par les colonisateurs. On parle alors d'indigènes confiés car l'encomendero, un colon, s'est vu octroyé le droit par la Couronne espagnole de les faire travailler sans contre partie monétaire en échange de leur évangélisation.

Les preuves scientifiques ont également montré comment ses habitants se sont intégrés dans la nouvelle société coloniale. Un fait qui contredit la théorie historique selon laquelle les aborigènes ont disparu après l'arrivée des Espagnols à Cuba. Des recherches récentes ont également révélé la coexistence à Chorro de Maíta de divers groupes ethniques qui témoignent de la diversité culturelle qui caractérise la nation cubaine. Sur le site archéologique ont été retrouvés les restes d'une femme mésoaméricaine du Yucatán, ceux d'un Africain et de deux métis – l'un nés de l'union indigène-espagnol et l'autre indigène-africain – qui pourraient être les premiers Créoles cubains.

Chorro de Maita - Aldea taina

La richesse culturelle présente à Chorro de Maíta est également renforcée par la diversité de la pratique des rites funéraires aborigènes et par la présence de sépultures d'indigènes et d'individus d'autres groupes ethniques, enterrés avec des vêtements en lin méditerranéen. Il s’agit d’un fait inhabituel qui a soulevé plusieurs questionnements chez les scientifiques.

Une autre découverte qui suscite un grand intérêt est la présence des restes d'une princesse, compte tenu des attributs qui apparaissent dans la sépulture : un collier composé de quartz, de perles, de corail rose, de perles dorées à deux têtes et d'une tête d'oiseau sculptée en or. ils appelaient Inrirri dans la mythologie arahuacan.

Musée El Chorro de Maíta

Ce musée a été inauguré le 1er novembre 1990 dans la zone archéologique aux découvertes les plus importantes de Cuba. Il recrée avec un grand réalisme la vie d'un village Taíno et reproduit un cimetière composé des différentes formes de sépulture trouvées à Chorro de Maíta.

Chorro de Maita - Aldea taina

Dans le village Taíno, reproduit à grande échelle, 38 figures humaines ont été sculptées par les artistes Lauro Achavarría Osorio et Argelio Cobiellas, père et fils. Ces sculptures ont suscité une grande admiration pour avoir reproduit avec un grand réalisme le phénotype de l’ethnie Arawak. On y voit le contour du visage des indigènes, leur déformation crânienne et même le vieillissement accéléré de cette population qui, selon les experts, était déjà âgée à 45 ans. Ces sculptures sont situées à l'intérieur des caneyes - hangars aux toits de palmes sans murs et soutenus par des poteaux - et exposent les tenues aborigènes ainsi que les ornements qu'ils utilisaient.

Chorro de Maita - Aldea taina

Des scènes de danses, de cérémonies et des rituels aborigènes sont également reproduits dans le musée, classé monument national depuis le 30 novembre 1991. Sur ce site, vous pourrez également apprécier le haut développement technique et économique atteint par la société qui habitait le Chorro Maíta. De nombreuses perles de quartz, coraux, jais, métaux précieux, ornements très stylisés, ainsi que des artefacts et des tissus sont exposés dans ce lieu.

Cubavisión Internacional

Chorro de Maíta

Ces objets soulèvent une hypothèse qui n'est pas encore confirmée : le Chorro de Maìta était-il une industrie artisanale aborigène ? Ces inconnues et d’autres continuent d’occuper les scientifiques travaillant sur le site archéologique. Mais ce dont ils sont sûrs, c'est que Chorro de Maíta constitue une autre preuve de la diversité ethnique qui caractérise la nation cubaine.

traducteur:

Elodie Vandenbossche

Cubanía

Cubanía s’efforce de retranscrire, que ce soit par l’image, le son, ou l’écrit, la vie quotidienne de La Havane et de Cuba à un public hétéroclite, curieux, intéressé, souvent non résidents. Toujours en dehors des grands débats politiques, économiques ou des thèmes couramment traités par les médias officiels, Cubanía souhaite au contraire faire témoigner les Cubains de tous les jours, la société dans son organisation actuelle, à travers des lieux, des traditions, des expressions culturelles parfois méconnues.

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