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Culture

Camagüey, une ville avec l'argile dans la peau

La poterie, une tradition ancrée dans l'histoire de la ville

Auteur:
Idanis Pedroso
Date de publication / actualisation:
12 juillet 2022

Camagüey est l’une des plus belles villes de Cuba. Elle dénombre, entre autres charmes, la tradition des « tinajones » (grandes jarres) et de la poterie.

Par Idanis Pedroso

Plus de cinq siècles après sa fondation, Camagüey reste fortement liée à l’argile, qui fait partie indissoluble de son identité. L’industrie de la poterie est ancrée dans cette ville depuis sa création, alors qu’elle était encore connue sous le nom de Puerto Principe, lorsque les colonisateurs espagnols s’installèrent sur ce territoire au début du XVIe siècle et amenèrent avec eux leur savoir-faire en matière de terre cuite.

L’existence dans les alentours de riches gisements d’argile rouge d’une excellente qualité favorisa la prolifération, aux environs de 1620, de tuileries pour la fabrication de briques, de carreaux et de tuiles, qui sont encore de nos jours la marque distinctive de certains bâtiments du centre historique urbain.

C’est aussi à cette époque que gagne du terrain un récipient domestique devenu par la suite le symbole de Camagüey : le tinajón (grande jarre de forme ovoïde destinée à conserver l’eau ou autre liquide). Les techniques pour sa fabrication ont été léguées par des potiers venus des provinces andalouses espagnoles où abondent des récipients en argile très semblables aux poteries cubaines.

Les « tinajones » des indispensables devenus tradition

Même s'il est impossible de calculer exactement l'ancienneté des tinajones, d'aucuns affirment qu'ils remontent aux premières décennies de 1600, mais aucun exemplaire ne peut le confirmer. Le plus ancien datant de 1760.

La recherche urgente d’une solution pratique à la pénurie d’eau se traduisit par  la production à grande échelle de tinajones dans la première moitié du XIXe siècle. Au début de la saison des pluies, on attendait que la première averse emporte la poussière des toits, et ensuite on commençait à recueillir le précieux liquide dans ces récipients ventrus grâce à un système de tuyaux en fer-blanc dotés d'un mécanisme très intéressant d’ouverture et de fermeture.

Leur fabrication cessa jusqu’en 1976, année où le potier Miguel Baez la reprit.

Tinajones

Les tinajones devinrent indispensables dans les foyers du Camagüey d’antan. Chaque patio ou cour en comptait au moins un, et même s’il existait un puits ou une citerne, les habitants préféraient utiliser, pour boire ou pour cuisiner, l’eau contenue dans ces grandes jarres dont les parois lui assuraient une agréable fraîcheur.

La construction d’un aqueduc dans la ville modifia en grande mesure l'utilité du tinajon, devenu alors un objet de décoration que l’on retrouve non seulement dans les patios, mais aussi dans les espaces publics tels que parcs et jardins.

Il est  bon de préciser que de nombreuses maisons de Camagüey continuent de nos jours à recueillir de l’eau, même s’il est déconseillé de la boire pour des raisons hygiéniques et sanitaires. Les habitants de cette ville répètent aux étrangers de passage, avec une certaine fierté, le vieux dicton selon lequel : « Si tu bois de l’eau du tinajon, tu restes à Camagüey ou tu y reviens irrémédiablement. »

Un art toujours d'actualité ?

La tradition de la céramique à Camagüey a été transmise de génération en génération. Elle a atteint son plus haut niveau artistique dans les années 1970, lorsque deux de ses plus importants céramistes, Oscar Rodriguez Lasseria et Nazario Salazar Martinez, ont commencé à envisager de façonner l’argile de manière différente, avec pour résultat des pièces d’une facture remarquable.    

Chiffres d'artisanat

Il ne faut surtout pas manquer la visite à l’atelier de Martha Jiménez, sur la place del Carmen.  Cette  importante artiste recrée la magie de la ville et de ses habitants à travers des œuvres d’une grande valeur esthétique. Ne pas rater non plus la maison de la famille Casanova, qui nous propose une céramique fonctionnelle et décorative. Vous aurez la possibilité d'y voir un céramiste façonnant l’argile et même vous y essayer…

traducteur:

Alicia Beneito

Cubanía

Cubanía s’efforce de retranscrire, que ce soit par l’image, le son, ou l’écrit, la vie quotidienne de La Havane et de Cuba à un public hétéroclite, curieux, intéressé, souvent non résidents. Toujours en dehors des grands débats politiques, économiques ou des thèmes couramment traités par les médias officiels, Cubanía souhaite au contraire faire témoigner les Cubains de tous les jours, la société dans son organisation actuelle, à travers des lieux, des traditions, des expressions culturelles parfois méconnues.

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