Le dernier Festival de Jazz cubain raconté par le musicien français Jean Paul Tamayo
Auteur:
Xiomara Guilarte
Date de publication / actualisation:
12 mars 2023
Plus de 100 concerts, jazz cubain, afro-cubain et latin-jazz, réunissant des musiciens cubains et étrangers de renom pour cette 38eme édition, entre La Havane et Santiago.
C’est le pianiste cubain Roberto Fonseca qui en assura la direction artistique, succédant ainsi au légendaire Chucho Valdes après 35 ans de règne quasi ininterrompu. Le Festival de La Havane, reste le rassemblement Jazz le moins cher du monde à prestation égale. Il a lieu à La Havane dans dix salles différentes, parmi : les théâtres Nacional, Martí, América, Lázaro Peña, le Musée national des beaux-arts, le Centre culturel Bertolt Brecht, le Pavillon de Cuba… Et pas moins de 18 pays y sont représentés, dont la France avec le Quatuor Simon Denizart et Jean Paul Tamayo.
Au passage, le musicien Jean Paul Tamayo nous a offert une interview à Fabrica de Arte Cubano, où il présentait son projet Caleño. Il nous a raconté son expérience à La Havane.
Première fois à La Havane, deuxième fois à Cuba
Il y a dix ans, Jean Paul avait eu l’occasion de visiter Trinidad en tant que touriste, il revient aujourd’hui en tant qu'invité au Festival Jazz Plaza, pour partager la scène, rien de plus et rien de moins qu'avec l'orchestre Anacaona. « Première fois pour produire ma musique, première fois à La Havane et donc première fois au Jazz Plaza », nous exprime-t-il animé.
Jean Paul nous raconte qu'il est venu au Festival grâce à son amitié et sa collaboration avec des musiciens cubains vivant en France. À travers ces artistes, il rencontre la promotrice Carmen Mayans, spécialiste des échange d'artistes entre la France et Cuba. C'est précisément Carmen qui a proposé sa musique au festival, à la fois avec le Caleño Hip Hop Project et avec son répertoire de salsa «elle a imaginé quelque chose de très spécial avec l'orchestre Anacaona». En tout, trois participations durant le festival, mais sa participation ne s'arrête pas là.
Se connecter avec la musique cubaine
« Une grande partie de la ville vit au son du festival, au son des concerts ». Lors de son séjour à La Havane, Jean Paul a eu l'occasion d'assister à différents concerts de musiciens cubains comme Interactivo, le Cucurucho Project, les Van Van : « C'était merveilleux, j'avais vu Van Van plusieurs fois en France, mais en les voyant ici à La Havane, à La Tropical, avec les musiciens et les amis, ce fut un grand privilège ».
L’opportunité de voir aussi en concert Alain Pérez. Dans un autre registre lors de l'ouverture du festival au Théâtre National Jean Paul a pu profiter de la musique de l'Orchestre Symphonique National. Le grand flutiste Orlando del Valle «Maraca» s’est présenté dans une exhibition magistrale, mais on a pu voir aussi pour la partie afro-cubaine, les Muñequitos de Matanzas : «C'était wow, merveilleux !», et aussi, Pedrito Martínez, Mayito Rivera... « Beaucoup de musique, j'ai adoré ce festival ! ».
« Pour les amateurs de musique, et pas seulement de jazz, que demander de plus ? De la bonne musique faite par des artistes très en vue, avec un beau palmarès, beaucoup de talent et en même temps une ambiance très cool, car ces musiciens sont tous très accessibles ».
Quant à son expérience de partage avec l'orchestre Anacaona, Jean Paul nous raconte : « Ça a été quelque chose de très fort, de très excitant, ça m'a beaucoup motivé ». C’est une porte grande ouverte sur l'échange culturel : « Venir à Cuba pour faire ma musique représente beaucoup pour moi, c'est quelque chose de très grand que je vis, et j’en suis vraiment très heureux ».
Le public comme critique
« Les critiques des musiciens et des producteurs sont d'une grande valeur, mais la critique et l'opinion des « gens ordinaires », comme on dit ici à Cuba, est très spéciale, car ces non-professionnels de la musique vous disent avec une grande sincérité ce que la musique leur fait ressentir. C'est très beau parce que c'est très sincère, très spontané ».
L'accueil du public cubain a également marqué notre musicien français. Il nous raconte une belle expérience qu'il a vécue après son concert à la Casa de la Cultura de Plaza : « C'était très cool, j’ai joué un de mes morceaux de salsa, quelque chose qui ne s’écoute plus ici forcément, les gens du public, sont venus me voir après pour le dire : "eh, tu m’as transporté dans mon enfance, avec mes parents et mes grands-parents", Ça m’a touché ».
Les rythmes cubains une influence pour son développement artistique ?
Incontestablement, l’échange de Jean Paul Tamayo avec la musique cubaine dans le cadre du festival Jazz Plaza, et notamment avec l'Orchestre Anacaona l'aura poussé à vouloir enregistrer son prochain album à Cuba, en collaboration avec des musiciens cubains. «Depuis longtemps, je voulais collaborer avec des compositeurs et arrangeurs cubains car ils ont des codes, une force, un style très très particulier».
Il marque ainsi un point de départ pour de futures collaborations musicales et ainsi incorporer certains codes de la musique cubaine dans son répertoire : «J'aimerais pouvoir faire quelques chansons aux tendances très cubaines authentiques, avec les tendances de la timba, la rumba, le guaguancó, des choses bien marquées comme les rythmes afro-cubains».
Cubanía s’efforce de retranscrire, que ce soit par l’image, le son, ou l’écrit, la vie quotidienne de La Havane et de Cuba à un public hétéroclite, curieux, intéressé, souvent non résidents. Toujours en dehors des grands débats politiques, économiques ou des thèmes couramment traités par les médias officiels, Cubanía souhaite au contraire faire témoigner les Cubains de tous les jours, la société dans son organisation actuelle, à travers des lieux, des traditions, des expressions culturelles parfois méconnues.